François- Joseph Terrasse Desbillons
Un Singe, qui ne se connoissait pas lui-même, & se croyoit un joli personnage, vit son portrait rendu par un Miroir fidèle. Persuadé qu’il n’y a rien de commun entre lui & cette figure, il s’amuse à la considérer : il rit, il plaisante, il s’escrime en railleries piquantes, & loue la main de l’ouvrier qui a si bien représenté une si vilaine bête. Mais arrive quelqu’un qui lui dit : Tu ne te connois donc pas ? Ce que tu méprises, est ton véritable portrait. Alors le Singe, forcé de se rendre à la triste voix de la vérité, se venge en blâmant le miroir dont il vient de faire l’éloge.
Celui qui connoît bien le caractère des Fables, & qui sait que ce sont autant de Miroirs, placés devant nous, comprendra ce que celle-ci nous enseigne.
“Le Singe et le Miroir”