Victorin Fabre
Homme de lettre, poète et fabuliste XVIIIº – Le Vase Persan
En Perse, m’a t-on dit, sous les voûtes sacrées
Où repose le roi des rois,
Au coucher du monarque, un vase de son choix
Avait seul les grandes entrées.
Il le méritait bien : sur ses flancs azurés
Par les feux du saphir, la perle blanchissante,
La topaze aux rayons dorés,
Et l’hyacinthe rougissante,
Sujet, sous votre règne, à des terreurs iniques,
A des oreilles de héros
Pour braver le récit des morsures antiques.
Il n’est point de loups historiques
Dont il n’aime à grossir les fameux coups de dents;
Et, d’un culte intrépide, il prodigue l’encens
Aux dogues des temps héroïques.
Traité vous-même, un jour, comme ces grands rivaux,
Vous serez, O mon roi ! pour prix de vos conquêtes.
Le Jupiter tonnant des poltrons et des sots.
Gens heureux qui de vos tempêtes
N’entendront plus que les échos ! »
Le Vase Persan, Victorin Fabre