Étienne Fumars
Poète et fabuliste XVIIIº – Les deux roses
Les deux roses ou les deux sœurs Constance et Chloé
Deux roses, reines d’un parterre,
Amantes du Zéphyr, désiraient de lui plaire.
L’une belle sans art, brillante avec douceur,
De peur de le piquer, écartait son épine ;
Et Zéphyr attendri crut lui donner son cœur.
L’autre un peu moins sensible, et par-là bien plus fine,
Lui montre son armure, et puis d’un air railleur
Fait briller à ses yeux son aimable couleur.
Zéphyr avec regret regarde la première ;
Mais, dût-il se blesser, il vole à la dernière.
Amour le veut ainsi ; je le sais par malheur.
J’ai vu le sentiment dans les yeux de Constance ;
Je crus l’aimer avec ardeur ;
Ses paroles, sa voix, et même son silence,
Chez elle tout annonce et promet le bonheur.
Je vis Chloé : son air insensible et moqueur,
Ses yeux noirs et fripons, et son malin sourire ;
Mon cœur eut beau trembler et prévoir son martyre
Hélas ! je l’adorai, même en aimant sa sœur.
Étienne Fumars