Jean-Pierre Claris de Florian
Poète, romancier et Fabuliste XVIII° – fables
Le compère Thomas et son ami Lubin
alloient à pied tous deux à la ville prochaine.
Thomas trouve sur son chemin
une bourse de louis pleine ;
il l’ empoche aussitôt. Lubin, d’ un air content,
lui dit : pour nous la bonne aubaine !
Non, répond Thomas froidement,
pour nous n’ est pas bien dit, pour moi c’ est différent.
Lubin ne souffle plus ; mais, en quittant la plaine,
ils trouvent des voleurs cachés au bois voisin.
Thomas tremblant, et non sans cause,
dit : nous sommes perdus ! Non, lui répond Lubin,
nous n’ est pas le vrai mot, mais toi , c’ est autre chose.
Cela dit, il s’ échappe à travers les taillis.
Immobile de peur, Thomas est bientôt pris,
il tire la bourse et la donne.
Qui ne songe qu’ à soi quand sa fortune est bonne
dans le malheur n’ a point d’ amis.
“Les deux voyageurs “
- Analyses : Morales Chrétiennes par Théodore de Hallwyl – 1865.