Pierre Louis Solvet
Homme de lettres, écrivain et analyses des fables – Les Obsèques de la Lionne
Études sur La Fontaine et excursions littéraires sur Les Obsèques de la Lionne, Pierre Louis Solvet, 1812.
XIV- Les Obsèques de la Lionne.
Abstemius, F. 148.
V. 4. De certains compliments de consolation
Qui sont surcroît d’affliction.
S’il est des cas où, comme dans cette circonstance, tels compliments sont en effet surcroit d’affliction, il en est d’autres, dans les cours surtout, où ce sont de véritables félicitations, sous formule de condoléance. On regrette que l’enjouement de La Fontaine ne lui ait pas, à ce sujet, inspiré quelques-uns de ces vers malignement naïfs comme il en a tant, dans un cadre si bien disposé pour les recevoir.
V. 13. Et tout son antre en résonna :
Les lions n’ont point d’autre temple.
Comme ils n’ont point d’autre Louvre qu’un char-nier; et ce palais et ce temple, c’est tout un.
V. 17. Je définis la cour, un pays où les gens, etc.
La Bruyère prétend qu’il est aussi difficile de définir la cour que de nommer certaines couleurs changeantes qui sont diverses suivant les divers jours où on les regarde. Le problème était cependant à peu près résolu parce passage. On retrouve tous les traits de la définition de La Fontaine dans la manière de discerner un flatteur d’avec un ami, chez Plutarque. On sait qu’il était rempli de cet auteur.
V. 39. Le cerf reprit alors : Sire, le temps des pleurs
Est passé ; la douleur est ici superflue.
Votre digne moitié, couchée entre des fleurs,
Tout près d’ici m’est apparue.
Bérénice, femme et sœur de Ptolémée Evergètes, avait promis à Vénus Zéphyritis le sacrifice de sa chevelure , si son époux retournait vainqueur de son expédition contre les Assyriens. Il revient triomphant entre ses bras, et elle s’empresse d’accomplir son vœu. Mais le lendemain même, la chevelure disparaît du temple. Déjà le roi se disposait à sévir contre les prêtres, lorsque , pour apaiser son ressentiment, Conon de Sainos, courtisan non moins adroit que célèbre astronome , feint d’avoir vu les cheveux de la reine transportés et placés dans le ciel, et montre en même temps les sept étoiles près de la Queue du Lion,qui, jusque-là n’avoient point reçu de nom, et que l’on connaît, depuis cette époque, sous celui de la Chevelure de Bérénice. Cette aventure est célébrée par Catulle, dans une de ses élégies, qu’il a imitée de Callimaque, dont l’original est perdu.
V. 51. Amusez les rois par des songes,
Flattez-les, payez-les d’agréables mensonges:
Quelqu’indignation dont leur cœur soit rempli,
Ils goberont l’appât, vous serez leur ami.
L’auteur du Paysan du Danube s’écrie avec indignation, au sujet de ces vers y Le Monnier, dans le morceau sur la Fable qui précède son recueil : « Devait-il « donner des leçons de flatterie ! » C’est calomnier bien gratuitement l’intention de La Fontaine ; il ne conseille pas d’amuser les rois par des songes ? la tournure de ce quatrain répond seulement à celle qu’un prosateur eût employée : Si vous amusez les rois par des songes.