alias Des Oisiaus e du Cucu
Des Oiseax di qui s’assanblèrent
A Pallement (1) . si esgardèrent.
K’entre eax déussent aveir Rei,
Qui guverna par dreite fei.
Chacuns duta de mesprisun
A faire celé électiun ,
En esteient trestuit esbaï,
Quant du Coucou oient le cri ;
Ne sorrent quex Oisiaus ce fu
Mais qu’en tuz tens diseit Coucu ;
Munt le pot-um de luing oïr
Qar tut le bois fet retentir.
Lors tuit diseient an lor jargun
Et affermeient par lor resun
Que cil oisax qui si canteit
E si grant noise demeneit ,
Bien déust estre Rois è Sire
Pur guverner un grant Empire.
S’il ert si prex è si vaillans
En ses œvres cum en ses chans
A Seignur lo volrunt aveir ;
Mais il vuelent primes saveir
Sun estre et sun cuntenemant.
Pur ce dient communaumant
Ki deit aler en lur messaige ;
La Mazange qui mult est saige,
Apercevans è vesiée ,
Unt deci à lui anvoiée.
La Masenge vola tut dreit
Jusqu’à l’arbre ù cil esteit,
Munt s’esteit près de lui assise,
Si l’esgarda par grant cointise .
Ne li plust gaires sa menière ,
Qar il faiseit malveise chière :
Ancor vorra plus hait munter,
aun curaige viaut espruver.
Sor une branque halt s’est mise ,
Desor sun dos s’est puis assise ;
Unques li Cucus most ne dist,
Ne pojor sanlant ne li fist .
Arrière s’an vait la Mazange ,
Le Coucu laidist è blestange ,
Jà de lui ne ferunt Seingnur.
Aus altres a dit la deshennur
E la hunte ke li fist grant,
Ainz ne l’en fist pejor samblant ;
S’uns granz oisiaus li meffaseit,
Mauvaissement s’en vanjereit,
Qant il à li ne s’osa panre
Qui ert de tuz oisiax le mendre.
Eslisent tel qui seit vaillanz ,
Preuz , è saiges, è amprenanz ;
Roiz deit estre moult dréturiers ,
En justice roides è fiers .
A cel consoil se sunt tenu ,
Si unt esgardé et véu
Que de l’Aigles ferunt lur roi,
Si vus an dirai le purcoi.
Li Aigles a bêle grandour,
Si ert asseiz de grant valour ;
Moult est saiges et atrempez ,
Qant d’une foiz est saoulez
Bien puet regéuner après
Jà de proie n’iert trop engrès .
Prince se deit mie reposer ,
E ne deit-mie tuz-jurs pener ,
Lui ne sun rengne travelher
Ne la povre gent essiller.
Moralité :
Ensi lunt fait cum jeo vus di.
Par cest essanple mustre ci
K’um ne deit pas faire seignur
De mauvais, ne de gengléur
U il n’a se parole nun ;
Tel se fait nobles par tençun ,
E velt menacier è parler
Qui moult petit est à douter.
La Fontaine, le Renard, le Singe et les Animaux, liv. VI, fab. VI.
(1) S’asanblerent à Pallement; c’est-à-dire en réunion des premiers membres de l’état. Les assemblées du parlement ainsi nommées, parce qu’on y traitait des affaires de l’état et non des procès des particuliers (ces derniers s’appelaient parlouers, parloirs), datent du VIe siècle. Les parlements étaient ambulatoires; ils se composoient des évéques, des grands officiers de la couronne, des ducs, des comtes et des barons. Ces assemblées se tenaient au mois de mars; elles furent abolies par les maires du Palais, et ensuite restituées par Pepin-le-gros, père de Charles Martel, et aïeul de Pepin-le-bref. Les grands vassaux avaient le pouvoir de créer, dans l’étendue de leurs domaines, des parlements qui jugeaient en dernier ressort ; ils se nommoient placita, dont on a fait plaits, et quelques fois synodes, pour exprimer une assemblée de la noblesse et du clergé. Ce ne fut que sous le règne de Louis IX, que l’on commença à pouvoir rappeler des jugements des hauts barons , qui, à cette époque, tués ou ruinés par les croisades, et trop faibles pour s’y opposer, ne pouvaient l’empêcher ; car auparavant nos rois n’étaient pas assez puissants pour cela. Enfin , sous Philippe IV, dit le bel, petit-fils de Louis IX, les assemblées connues sous le nom de parloirs le roi et aux bourgeois, qui traitaient des affaires particulières, furent en quelque sorte réunies aux plaits, et formèrent les états-généraux. Ce fut le 17 mars 1302, que pour la première fois le tiers-état y fut appelé , et que dès-lors le parlement devint sédentaire à Paris; mais ses assemblées ne commencèrent à être fixées et continuées qu’en 1388 sous la minorité de Charles VI, époque à laquelle l’entrée au parlement fut interdite aux abbés et aux prieurs, qui auparavant, y avaient voix délibérative.” Li parlemens des Oiseux por faire Roi”