Olivier Patru
Avocat, écrivain et fable XVIIº
Olivier Patru, né en 1604 à Paris et mort le 16 janvier 1681, est un avocat et écrivain français.
Il composa plusieurs fables en proses. Sur la richesse Patru dit : « L’amour des lettres, peut-être un peu trop excessif, a ruiné ma fortune, disait-il naïvement ; mais la fortune, qui m’a tout ôté, ne m’a ôté ni mon cœur ni mon esprit. » Et ailleurs : « Mes intérêts, si j’en suis cru, ne brouilleront jamais personne. Quand ce ne serait que pour donner, je souhaiterais d’être riche ; mais tout ce qu’il faut faire pour le devenir me déplait. » Il vécut et mourut pauvre.
La Fontaine l’appelait « un homme d’excellent goût, un des maîtres de notre éloquence ; » et Boileau, le considérait comme le Quintilien de son siècle . L’hommage de Voltaire à Patru « Olivier Patru contribua beaucoup à régler, à épurer le langage ; et quoiqu’il ne passât pas pour un avocat profond, on lui doit néanmoins l’ordre, la clarté, la bienséance, l’élégance du discours : mérites absolument inconnus avant lui au barreau. »
FABLES
…Patru, à qui l’on fit voir la fable du poète français, n’en fut pas satisfait: il la trouva inférieure à celle d’Ésope, et il en conclut que les fables de l’antiquité devaient être traduites littéralement en prose. Il le dit même à La Fontaine, qui, heureusement, ne se rendit pas à cet avis, mais qui s’attacha davantage à reproduire les traits de l’original, en le faisant passer dans le rythme poétique, a Ce n’est pas, dit-il (dans la Préface de son Recueil de 1668), qu’un des maîtres de notre Éloquence n’ait désapprouvé le dessein de les mettre en vers (les Fables). Il a crû que leur principal ornement est de n’en avoir aucun; que d’ailleurs la contrainte de la Poésie, jointe à la sévérité de notre langue, m’embarrasserait en beaucoup d’endroits, et bannirait de la plupart de ces récits la breveté, qu’on peut fort bien appeler l’âme du Conte, puisque sans elle il faut nécessairement qu’il languisse. Cette opinion ne saurait partir que d’un homme d’excellent goût, mais je demanderais seulement qu’il en relâchât quelque peu, et qu’il crût que les Grâces lacédémoniennes ne sont pas tellement ennemies des Muses françoises que l’on ne puisse souvent les faire marcher de compagnie. » La Fontaine eût fait volontiers le sacrifice de sa fable La Mort et le Malheureux, que Patru avait critiquée, mais il la conserva pourtant dans son Recueil, à cause de la moralité, où il se félicitait d’avoir fait entrer ce mot de Mécénas, qui est si beau et si à propos, dit-il, qu’il ne crut pas le devoir omettre :
Mécénas fut un galant homme.
Il a dit quelque part : « Qu’on me rende impotent,
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme
Je vive, c’est assez, je suis plus que content. »
Ne viens jamais, ô Mort! On t’en dit tout autant.
(Fables: réimprimées sur l’édition de 1678-1694, et précédées de recherches sur les Fables de La Fontaine, Volume 1, P. L. Jacob – Librairie des bibliophiles, 1875.)
(Image de Patru par Anonyme — apophtegme.com– dictionnaires.culture.fr/ficheaut/PatruDomaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19631912)
- Fables de Patru.