Omer-Bertin-Joseph Duhamel, né à Lille, le 17 juin 1773 et mort le 11 décembre 1853, pharmacien, membre de la société des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille.
Capitaine du génie à l’âge de 21 ans, puis chef de bataillon dans la même arme, il quitta l’armée, vint prendre à Paris ses grades en pharmacie, fut reçu Maître en 1800 et revint à Lille succéder à son père. On a de lui deux volumes de poésies manuscrites qui se trouvent à la bibliothèque communale de Lille ; le premier est intitulé : Fables et Idylles, revues, corrigées et augmentées d’un livre de trente et une fables et d’une idylle, par O. B. Duhamel de Lille, suivies d’une traduction en vers français, par le mime, des fables de Lessing, in-4°, 376 p. de la main de l’auteur, 1841.
FABLES :
Discours préliminaire :
(extrait)
J’ose le dire, bien que le petit nombre de Fables que je présente au public ne semble pas trop confirmer mon assertion, j’ai toujours cru sentir moi-même qu’avec de l’imagination il serait possible d’accroître beaucoup les produits de ce genre. On prétendra peut-être que la morale est restreinte, que ses maximes ne sont point inépuisables. Mais ne peut-on les envisager que sous une seule face ? Et, d’ailleurs, certaines circonstances ne peuvent-elles pas encore faire découvrir quelques rapports moraux qui sans elles eussent été moins facilement saisis ? Je le demanderai même ; la conclusion de tout apologue est-elle donc toujours une maxime ? N’est-ce point souvent un axiome confirmé par un exemple ? tel que celui-ci :
Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras ;
L’un est sûr l’autre ne l’est pas.
Mais si les matériaux ne nous manquent point, serait-ce tout que de les rassembler ? Ne faudrait-il pas la main, le génie de l’artiste pour les mettre en œuvre ? C’est sans doute, ce qui devait me retenir ; je n’ai point la prétention d’extraire la statue du bloc de marbre qui la renferme mais considérant la fable comme une narration propre à faire goûter une vérité qui pourrait paraître dur d’exposer trop crûment, et prenant beaucoup de plaisir moi- même à entendre conter, j’ai pensé qu’il pouvait m’être permis d’espérer me faire quelquefois écouter sans causer d’ennui. En disant que la fable tient de la narration, je suis loin de vouloir insinuer qu’elle en exige toute la vraisemblance : acteurs que l’on y fait figurer ne possèdent pas toujours, dans la nature, les facultés qu’on leur prête dans l’apologue : le langage, le raisonnement, les passions y sont accordés aux animaux, aux plantes, même aux êtres privés de la vie, en conséquence, de toutes sensations ; il suffit qu’on leur conserve l’instinct ou les propriétés qui leur appartiennent ou qui leur sont attribués. Aurai-je réussi sous ce rapport ? C’est ce dont je n’ose me flatter, quelque soin que j’aie mis à me conforme cette règle; le lecteur en jugera….
- Fables – suivies de quelques Idylles – Paris – par O.B Duhamel.