A. de Closset
Avocat, analyses des fables – La Cigale et la Fourmi, analysée
Analyses La Cigale et la Fourmi par A. de Closset – 1867
La Cigale et la Fourmi de La Fontaine
Fable :Bise, Poétique pour l’hiver : c’est le vent du nord. Clément Marot avait dit :
D’autre costé j’oy (j’entends) la bise arriver.
Qui en soufflant me prononce l’hiver.
(Eglog. au Roi)
Vermisseau. La Fontaine, ordinairement très-exact pour tout ce qui touche aux mœurs des animaux, se trompe ici. La cigale ne mange point d’insectes, elfe suce la sève des arbres et des arbrisseaux, dans ses trois états de larve, de nymphe et d’insecte parfait.
Crier famine. Expression familière ; c’est la plainte bruyante de celui qui est réduit a la disette.
Avant l’oût. Avant la moisson, qui se fait au mois d’août, qu’on prononce oût; et ce dernier mot, sous cette forme, dans notre ancien langage, se prend pour la moisson. Ou disait autrefois un aousteron (ousteron) pour un moissonneur.
Intérêt et principal. Principal représente la chose prêtée ; intérêt, le bénéfice que l’on retire du prêt consenti.
C’est là son moindre défaut. Exemple d’ironie enjouée : ce n’est pas par là qu’elle pêche; c’est-à-dire, ce n’est pas la principale qualité de la fourmi.
A tout venant : au premier venu.
Ne vous déplaise : n’est guère le langage d’une emprunteuse. (d’Alembert.)
« Dansez maintenant :
Tout l’esté chanta le cigale
El l’hyver elle eut la faim vale;
Demande a manger au fourmi :
Que fais-tu tout l’esté ? Je chante.
Il est hyver; dance, faineante.
Appreu des bestes, mon ami. (Baïf.)
La leçon qui découle de cet apologue ne s’accorde guère avec la saine morale, car si nous devons éviter l’imprévoyance de la cigale, nous ne devons pas imiter la dureté de la fourmi. Pour justifier La Fontaine, on a dit que le blâme devait atteindre les inventeurs du sujet et non leur imitateur : celte défense n’est pas sérieuse, car en acceptant le thème primitif, La Fontaine est censé l’approuver.