Eustache Deschamps, poète, fabuliste, officier de la cour, guerrier et magistrat sous Charles V et Charles VI, est né vers 1340 à Vertus en Champagne – mort entre le 21 juin 1404 et le début de l’année 1405, de son vrai nom Eustache Morel ?…
FABLES :
- La Fourmi et le Ceraseron
- Le Chat et les Souris
- Le Renard et le Corbeau
- Le Paysan et le Serpent
- Le Lion et les Fourmis
- Comment le chief et les membres doyvent amer l’un l’autre
- Le Jardinier qui détruit les bons plants
- La Grenouille et la Souris
- Le Paysan et le Chien
- Le Paysan et son Chien
- Des exactions des grands Seigneurs (fin)
Anecdote :
Le nom de Morel n’est pas celui de sa famille, comme l’indiquerait la transposition des noms faite par les biographes, qui l’ont appelé Eustache Morel dit Deschamps, au lieu de Eustache Deschamps, dit Morel, tel qu’on le trouve dans le manuscrit original. Le nom de Morel est un sobriquet, et ce mot signifie, dans l’ancien françois, noirâtre, basané, maure (maurus, morellus), ce qui s’accorde parfaitement avec le portrait que le poète a laissé de sa personne, qui devait avoir quelque ressemblance avec celle du bon Bertrand Du Guesclin, son contemporain :
Chascuns me dit ; Tu es lais garnemens.
Gros visage as, tu es noirs et hallez…..
Uns gros yeux, noirs sourcis tous hérupez ;
Tu es devant comme saint Pol pelez,
Mais, tu scez bien faire le précieux.
Lor leur respon, comme resconfortez :
Se je suis laiz, si sui-je gracieux.
[Ms, p. CCIX.)
M. Crapelet s’exprime à ce sujet :
« Mais un autre titre est acquis à cet auteur, et aucun des biographes qui ont mentionné ses ouvrages, sans les connaître, ne l’a même indiqué, c’est celui de fabuliste : on a bien souvent, sans doute, ouvert l’énorme manuscrit des poésies d’Eustache Deschamps sans soupçonner que des fables y fussent sous les titres de ballades et de rondeaux. La table placée en tête de ces poésies, et qui comprend une si nombreuse série de pièces sous la même dénomination, aura fait croire à l’inutilité des recherches. »
« Au reste, ces fables du XIVe siècle, qui ne compromettront certainement pas la réputation de La Fontaine, offrent une particularité assez notable, c’est que l’auteur les a écrites pour son propre compte, sous l’influence de faits qui lui étaient personnels, comme Gilblas a raconté la fable des deux pies au duc de Lerme, pour l’instruire de l’état de misère où il se trouvait. L’humeur satirique d’Eustache Deschamps lui avait attiré de petits ennemis, et l’on sait que ce sont les plus dangereux; a force de tracasseries et de persécutions, on le força de s’éloigner de la cour, et il n’était plus même appelé auprès du roi quand ses fonctions d’huissier d’armes auraient exigé qu’il fut près de sa personne : il croyait avoir obligé des amis, et il n’avait fait que des ingrats. Il occupait depuis trop long-temps, au gré de ceux qui la convoitaient, une place de bailli, et on avait répandu le bruit de sa mort pour prendre sa place, comme cela se voit encore de nos jours. Non seulement ses longs services restaient sans récompense, mais il n’avait plus aucun traitement, aucun secours. Il ne cessa pas de se plaindre, de signaler l’avidité des courtisans, les abus, les intrigues, les malversations ; mais il le fit d’une manière inusitée, pour mieux attirer l’attention du prince, et avec plus de ménagement, en se servant de l’apologue ; aucune de ses pièces ne nous apprend toutefois si ce fut avec plus de succès. La moralité de ses fables lui est donc presque toute personnelle, ou applicable à des événements qui se passaient sons ses yeux ; et c’est sous ce point de vue que ces fables méritent, ce me semble, d’être appréciées. » (Travaux de l’Académie nationale de Reims, Volumes 5 à 6, F. Michaud., 1847)
- Fables d’Eustache Deschamps.