Quelques règles pour écrire une fable
Fable définition et caractéristiques
L’apologue ou fable est un petit récit en vers ou en proses destiné à plaire et à instruire à la fois. La brièveté, la clarté, la naïveté sont quelques qualités qui font la fable. Évitez d’introduire trop de personnages dans l’histoire. Ne rien dire d’inutile ou d’étranger à l’action et de terminer le récit là où il doit finir. Une fable naïve, courte, claire et sans surcharge est généralement bien construite et devrait plaire au plus grand nombre.
Aristote dit que ” la Fable est la composition des choses ” – Deux choses la composent en effet, comme deux essentielles. L’une est la vérité qui lui sert de fondement et l’autre est la fiction qui déguise allégoriquement cette vérité, et qui lui donne la forme de fable. La vérité est cachée, c’est une morale que le fabuliste veut enseigner.
Une bonne fable est l’association de trois choses
- Si la fable que l’on écrit raconte une histoire trop gentille et sans drame ni tragédie, cette fable n’a pas d’importance.
- Si l’histoire à son tour n’est pas claire, et ne frappe pas l’imagination, la fable ne saurait pas captiver et séduire le lecteur.
- Si le rapport entre la morale et le récit n’est pas exact, la fable peut être considérée comme défectueuse.
La Fontaine l’explique ainsi
Les fables ne sont point ce qu’elles semblent être :
Le plus simple animal nous y tient lieu de maître,
Une morale nue apporte de l’ennui.
Le conte fait passer le précepte avec lui.
En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire.
Mettre la morale au début ou à la fin de la fable
On demande où il faut mettre cette Morale ; on est inquiet sur la place, les uns la veulent a la tête de la Fable, d’autres le défendent expressément. Et j’ai vu quelque part Phèdre et la Fontaine grondés sérieusement d’avoir commencé leurs Fables par la Morale.
Il est sans contredit que la place la plus brillante de la Morale est la fin de la Fable. Le Lecteur que vous n’avez point prévenu a l’agrément de voir éclore du Récit que vous lui faites une Réflexion qui le frappe et l’éclaire à proportion que le Récit avance, et il est certain que cette sorte de plaisir est perdu pour sa vanité lorsque la Morale précède la Fable: mais aussi la Morale placée a la tête, ne croyez-vous pas qu’il goûte un plaisir d’un autre genre? Il me semble à moi, que tant que le Récit dure, il a la satisfaction d’examiner, et de confronter son ra-port avec la Maxime établie qu’il ne perd point de vue, et je suis bien trompé si cela ne donne à son Esprit une sorte d’exercice qui a son mérite aussi bien que l’autre. D’ailleurs qu’y a-t-il de plus ennuyeux que l’uniformité ? Et quel moyen de s’en sauver que de mettre par-ci par-là, la Morale à la tête de la Fable ? Encore une fois si ce n’est pas la place la plus piquante qu’on puisse lui donner, je suis tenté de croire que c’est la plus naturelle¹.
La morale dans la fable
Le fabuliste doit-il choisir la moralité qu’il veut employer, à peu près comme un prédicateur prend le texte d’un sermon, introduire ensuite des personnages, les mettre en scène, et leur donner les caractères qui conviennent au rôle qu’il leur fait jouer dans l’apologue ? Ou doit-il d’abord imaginer une action, nouer et dénouer cette petite comédie, comme l’auteur dramatique trace le plan d’une pièce de théâtre et en amène le dénouement, en se bornant à la moralité qui peut naître du sujet même ? Cette dernière méthode n’est sans doute pas la meilleure. Mais que de fois le fabuliste est écarté de sa première pensée morale par la marche de l’action même et les épisodes qu’elle fait naître, surtout si l’apologue a une certaine étendue !
Que de fois le moraliste paraît changer de but et de direction, en amenant une leçon tout autre que celle qu’il s’était d’abord proposée, et que le lecteur attendait ; en faisant même ressortir plusieurs moralités de la même fable ! C’est peut-être alors, quoi qu’en dise Dardenne dans son excellent discours sur la fable, une bonne fortune pour le fabuliste qui sait en tirer parti ; car les traits qu’il peut employer ne sont pas inépuisables ; ce qui le pousse quelquefois vers des sujets usés, qu’il doit rajeunir ou présenter sous une forme nouvelle, s’il veut plaire et intéresser.
La morale étant, ainsi que la vérité, toujours une, toujours la même, ne ressemble pas mal à un éternel mannequin que les faiseurs d’apologues se passent demain en main, et que chacun d’eux habille à sa guise².
Les morales des fables de La Fontaine vues par J. J. Rousseau
« Ainsi donc la morale de la première fable citée est pour l’enfant une leçon de la plus basse flatterie ; celle de la seconde une leçon d’inhumanité ; celle de la troisième une leçon d’injustice ; celle de la quatrième une leçon de satire ; celle de la cinquième une leçon d’indépendance. Cette dernière leçon, pour être superflue à mon élève, n’en est pas plus convenable aux vôtres. Quand vous leur donnez des préceptes qui se contredisent, quel fruit espérez-vous de vos soins ?
Morale de la fable le corbeau et le renard
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Excellente maxime ! La flatterie est douce mais ses suites sont cruelles et nom recommandables, ni aux enfants ni aux plus âgés.
Voici ce qu’en pense Jean-Jacques Rousseau :… “la pensée est très bonne. Cependant il y aura encore bien peu d’enfants qui sachent comparer une leçon à un fromage, et qui ne préféraient le fromage à la leçon. Il faut donc leur faire entendre que ce propos n’est qu’une raillerie. Que de finesse pour, des enfants !”
Morale de la fable La Cigale et la Fourmi
La Fourmi n’est pas prêteuse
C’est là son moindre défaut.
Cette fable évoque un individu laborieux et prudent qui anticipe les mauvais jours pour ne jamais manquer du nécessaire. La fourmi n’est pas généreuse d’après Ésope, notre grand fabuliste l’affirme aussi.
Qu’en pensez-vous amis(es) fabulistes ?
- ¹Réflexions sur la poésie en général – Volume 1, Toussaint Rémond de Saint-Mard, Chez C. de Rogissart & sœurs, 1734
- ²Fables de Frédéric Rouveroy, éditions : J. A. Latour, 1822