Introduction –1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6 – 7 – 8 – 9 – 10 – 11
Invocation à Dieu
Au nom du Dieu créateur de l’âme, du Dieu sage qui a doté la langue du don de la parole; maître miséricordieux et secourable qui jette un voile sur les fautes et qui accueille le repentir; maître glorieux dont on ne peut abandonner les voies sans être condamné à l’infamie et au malheur! Les plus fiers monarques courbent humblement leur front sur le parvis de son temple. Il ne se hâte pas de punir les coupables et ne repousse pas avec dureté les repentants. Le ciel et la terre sont une goutte d’eau dans l’Océan de son omniscience ; il voit les fautes et les couvre de sa bonté. Si le péché excite son courroux, le repentir est assuré de son pardon ; car s’il se hâtait de punir le pécheur, qui trouverait grâce devant sa colère ?
La désobéissance de l’enfant provoque nécessairement le mécontentement du père; le parent coupable envers les siens est chassé comme un étranger; l’esclave qui apporte de la lenteur dans son service n’obtient pas la faveur du maître ; l’homme infidèle aux devoirs de l’amitié voit ses amis fuir loin de lui ; l’armée qui néglige ses devoirs est abandonnée de son chef; mais Lui, le roi de la terre et des cieux, ne ferme pas, même aux coupables, la porte de ses bienfaits. La terre est une table immense dressée pour tous les hommes; amis et ennemis tous y ont accès; à ce festin si largement prodigué, le Sîmourgh (1) lui même a sa part dans les solitudes du Caucase. Dieu donne leur pâture aux êtres faibles et sans ressources, au serpent et à la fourmi. Son essence est à l’abri de tout soupçon d’affinité et de contraste ; sa gloire peut se passer de l’adoration des génies et des hommes ; mais tout, ce qui existe, hommes, oiseaux, fourmis et moucherons adorent ses décrets. Bon, généreux et infiniment sage, il protège ses créatures et en connaît tous les secrets. A lui seul la puissance et l’unité, car il règne de toute éternité et se suffit à lui-même. Ici il donne une couronne, là il renverse un trône; aux uns il décerne le diadème du bonheur, aux autres le cilice de la réprobation. Tantôt il change en parterre de fleurs le bûcher d’Abraham, tantôt il précipite une Armée entière des bords du Nil dans le feu éternel (2) ; tantôt il dicte l’arrêt de sa justice, tantôt il déploie le diplôme de son courroux. Il distingue les fautes à travers le rideau (de la conscience) et jette sur elles le rideau de sa miséricorde. Si le glaive de sa colère sort du fourreau, les Chérubins sont glacés de terreur; mais s’il convoque le monde à la table de ses bienfaits, Azazîl lui même (un des anges maudits) espère y trouver place. En présence de sa majesté et de sa miséricorde, les grands dépouillent leur orgueil ; sa clémence appelle à lui les délaissés et exauce la prière des humbles. Sa science lit dans l’avenir, sa bonté pénètre les secrets non révélés ; il maintient l’harmonie sur la terre et dans les cieux et préside le tribunal du jugement suprême. Nul ne peut lui refuser l’obéissance ni critiquer son œuvre. Il est l’Eternel, souverainement bon et aimant ce qui est bon ; il trace avec le pinceau du destin une image dans le sein maternel ; il transforme en beauté angélique une goutte de semence et quel autre que lui pourrait peindre sur une surface liquide ? Il dirige le soleil et la lune d’Orient en Occident et maintient la terre au-dessus des eaux ; elle était vacillante et mobile, il l’a fixée à l’aide des montagnes, comme avec des clous (3). C’est lui qui incruste le rubis et l’émeraude aux flancs du rocher ; c’est lui qui mêle le rubis des fleurs à l’émeraude du feuillage. Il verse dans l’Océan la goutte d’eau du nuage et dans le sein de la femme la semence créatrice : de la première il forme une perle brillante, de la seconde une créature droite et svelte. Pas un atome ne se dérobe à sa science, pour lui le visible et l’invisible ne font qu’un. Sa parole a tiré l’univers du néant et quel autre que lui aurait pu du néant faire sortir l’existence ? il ramène ensuite la créature au néant pour l’en tirer encore au jour de la résurrection.
Le monde ne peut comprendre la nature de Dieu, mais il proclame d’une voix unanime sa divinité : les yeux de l’homme ne sauraient contempler sa splendeur ni pénétrer sa bonté infinie ; la pensée, dans son vol, est incapable de s’élever jusqu’à l’Être ineffable et l’intelligence d’en comprendre les attributs. Des milliers de vaisseaux ont sombré dans ce gouffre sans qu’un seul de leur débris ait surnagé. Que de nuits je me suis abîmé dans cette contemplation jusqu’à ce que la terreur m’ait forcé de reculer ! Ce roi qui embrasse l’infini, comment la raison pourrait-elle le comprendre ? l’intelligence doit renoncer à pénétrer ce mystère et la spéculation à le définir. On peut atteindre à l’éloquence de Sabhân mais non à la notion du Saint des Saints (4). Combien de fougueux coursiers se sont lancés dans cette carrière, que la parole du prophète a arrêtés dans leur élan ! C’est que l’homme ne peut chevaucher longtemps dans cet hippodrome sans limite ; arrivé à une certaine distance il faut qu’il jette son bouclier et fuie (5). Si un voyageur de la voie spirituelle est admis à la révélation des mystères, la porte du retour se ferme sur lui ; dans ce banquet on ne fait circuler la coupe (de l’union avec la divinité) qu’après y avoir versé le breuvage de l’extase et du vertige. Parmi ces hardis faucons, les uns ont les yeux cousus, les autres les yeux ouverts, mais ils se brûlent les ailes. Nul ne pénètre jusqu’au trésor de Karoun, ou si quelqu’un est arrivé jusque là, on ne l’a plus revu (6). O toi ! qui oses t’aventurer sur cette route, renonce au retour et coupe d’abord les jarrets de ton cheval. Contemple le miroir de ton cœur et tu goûteras peu à peu une joie pure et une paix sans mélange ; peut-être alors un parfum d’amour viendra-t-il t’enivrer et t’inspirer la passion du pacte d’obéissance (7) ; peut-être, dans ta poursuite ardente, atteindras-tu ces hauteurs et plus loin encore, sur les ailes de l’extase. La vérité déchirera enfin le voile de ton intelligence et la majesté divine sera le seul voile (opposé à tes regards). Mais, à cette limite, le coursier de la raison s’arrête, l’épouvante le saisit par la bride et le ramène en arrière. Seul le prophète ose gagner le large dans cette mer où sombre celui qui navigue sans pilote. Quiconque abandonne ce guide s’égare et erre au hasard, en proie au vertige ; marcher hors de sa direction, c’est manquer le but de la course. Sache-le bien, ô Saadi, pour obtenir le salut il faut suivre les traces de l’Élu. (Moustafa, un des surnoms du prophète des Musulmans.)
Éloge du Prophète et des quatre premiers Khalifes.
O Mohammed, la plus noble et la plus généreuse des créatures, prophète des nations, intercesseur des peuples, imâm des apôtres, guide de la voie de vérité, confident de Dieu, toi sur qui descendit la révélation portée par Gabriel, tu intercèdes pour le genre humain, tu es le maître de la résurrection, le chef de la sainte direction, le président du tribunal suprême. Mohammed est, comme Moïse, l’interlocuteur de Dieu, mais il a le ciel pour Sinaï; toute lumière est un reflet de sa lumière. Orphelin, et avant la révélation entière du Coran, il détruit les livres des autres religions. Il tire son glaive redoutable et la lune, ô miracle ! se fend en deux moitiés ; la nouvelle (de sa naissance) se répand dans le monde et le palais des Chosroès est ébranlé jusque dans ses fondements (8). Par le seul mot là (le premier de la formule monothéiste là ilâha illâllah, « il n’y a d’autre Dieu que Dieu), il réduit en poudre l’idole Lât ; par la gloire de sa religion, il détruit le prestige d’Ozza (9) et ce n’est pas seulement Lât et Ozza qu’il anéantit, le Pentateuque et l’Evangile sont abrogés du même coup. Une nuit, porté par son cheval (Borak) il traverse les cieux ; dans sa course glorieuse, il dépasse les anges et monte si haut dans les champs de l’infini, que Gabriel est forcé de s’arrêter sous le lotus (10). Et lui Mohammed, le maître du temple vénéré (de la Mecque), il dit à l’Archange : « Messager de la parole divine, élève-toi encore dans ton vol : si tu reconnais en moi un ami sincère, pourquoi m’abandonner ? » Et l’Archange lui répond : « Je ne puis aller plus avant, mes forces m’abandonnent ; si je montais plus haut, même de la valeur d’un cheveu, l’éclat de la vision divine brûlerait mes ailes. »
Avec un guide tel que toi, prophète, nul ne reste l’otage du péché. Comment te célébrer dignement ?
Salut, salut à toi, apôtre de l’humanité ! à toi, à tes compagnons et sectateurs les prières des anges! J’invoque d’abord Abou Bekr, le doyen des disciples, Omar, dompteur du démon, le sage Osman qui veillait et priait et enfin le quatrième (Khalife), le roi Ali, cavalier de Douldoul (11). O mon Dieu, je t’implore par les enfants de Fatimah, permets que je meure en prononçant la formule de l’Islam ! Que tu exauces ou rejettes ma prière, moi je reste le suppliant de la Sainte famille. Prophète bienheureux, ta gloire serait-elle amoindrie au séjour de la vie éternelle, si quelques mendiants étaient admis, humbles parasites, à l’hospitalité du Paradis ? Dieu t’a glorifié et exalté, Gabriel s’est prosterné à tes pieds, le ciel sublime s’est abaissé devant ta gloire ; tu étais créé et l’homme n’était encore que limon ; tu as été le principe des êtres et tout ce qui existe procède de toi. Je ne sais comment t’exalter, car tu es au-dessus de mes louanges. Les mots sans toi suffisent à ta gloire, les chapitres tâ-hâhyâ-sîn (du Coran) mettent le comble à ton mérite (12); quel prix auraient après cela les louanges imparfaites, de Saadi? A toi mon salut et mes prières, ô prophète !
Pourquoi ce poème a été écrit; sa division en dix chapitres; date de sa composition.
J’ai passé ma vie en voyages lointains, j’ai vécu parmi les peuples les plus divers. Partout j’ai recueilli quelque profit, chaque moisson m’a livré quelques gerbes; mais nulle part je n’ai rencontré des cœurs purs et sincères comme à Chiraz (que Dieu la protège !). L’amour que m’inspire cette noble patrie a banni de mon souvenir la Syrie et le pays de Roum. « Les voyageurs, me disais-je, rapportent du sucre d’Egypte pour l’offrir à leurs amis; ce serait pitié si, sortant de ce vaste jardin, je revenais vers les miens les mains vides. Ce n’est pas du sucre que je veux leur offrir, mais des paroles dont la saveur est plus douce, non pas ce sucre grossier qui flatte le goût, mais celui que les livres transmettent aux penseurs. »
J’ai élevé ce monument à la sagesse et l’ai disposé en dix chapitres (litt. en dix portes). Le sujet du premier chapitre est la justice, la prudence dans la délibération, l’art de gouverner les hommes, la crainte de Dieu. — Le second chapitre traite de la bienfaisance et de la gratitude que les faveurs du ciel doivent inspirer aux riches. — Le troisième décrit l’ivresse et les transports de l’amour, mais de l’amour mystique, non pas de ce sentiment grossier qui n’est que mensonge et illusion. — Le quatrième chapitre est consacré à la modestie ; — le cinquième à la résignation ; — le sixième dépeint l’homme qui pratique le renoncement. — Le septième traite de l’éducation ; — le huitième des actions de grâce que l’homme doit à Dieu dans la prospérité ; — le neuvième du repentir et de la voie du salut ; — le dixième renferme des prières et la conclusion du poème.
Ce fut dans un jour et dans une année de bénédiction, entre les deux fêtes vénérables, lorsque à l’année six cent s’ajoutaient cinquante-cinq années (c’est-à-dire entre la fête de la rupture du jeûne et celle des sacrifices, en d’autres termes entre le 12 octobre et le 20 décembre 1257), que ce livre, précieux écrin, a été achevé. J’y ai prodigué les bijoux à pleines mains et pourtant je courbe ma tête avec confusion : C’est que la mer renferme à la fois des perles et d’inutiles coquillages, le jardin des arbres magnifiques et de chétifs arbustes. — Lecteur intelligent et sage, souviens-toi que l’homme de mérite s’abstient de toute critique malveillante. Une tunique, fût-elle de soie ou de brocart, a toujours une doublure ; si tu ne trouves pas ici une étoffe de soie, ne t’en irrite point et dissimule l’envers avec bonté. Loin de me targuer de mon mérite, j’implore timidement ton indulgence. — On dit qu’au jour de l’espérance et de la crainte (au jour du jugement), il sera pardonné aux méchants en faveur des bons : toi aussi, si tu trouves quelque chose à reprendre dans cet ouvrage, imite la mansuétude du Créateur du monde ; n’aurais-tu à louer qu’un seul de mes vers entre mille, sois généreux et épargne moi ton blâme. — Mais ces vers, j’en conviens, n’auront pas plus de valeur en Perse que n’en a le musc au Khotèn (Tartarie chinoise) ; ma réputation, comme le bruit du tambour, gagne à être entendue de loin et l’absence jette un voile sur mes imperfections (13). — Saadi a l’audace de porter des roses au parterre, du poivre à l’Hindoustan ; et son livre est comme la datte : enveloppée d’une chair savoureuse, on ne trouve, en l’ouvrant, qu’un noyau.
Panégyrique d’Abou-Bekr, fils de Saad, fils de Zengui, souverain de Chiraz (14).
Je ne voulais pas chanter les louanges des rois, mon génie n’était pas enclin à des panégyriques de ce genre; si j’ai placé un tel nom dans mes vers, c’est afin que les hommes de cœur disent un jour : « Saadi qui a remporté la palme de la poésie vivait sous le règne d’Abou-Bekr, fils de Saad. » J’ai le droit de me glorifier de vivre en son siècle, comme le Maître (le prophète) se glorifiait de vivre sous Nouschirvan. Protecteur du monde, soutien de la religion et de la justice, la terre n’a point vu depuis Omar un souverain comparable à Abou-Bekr, et elle est fière de la justice que répand sur elle ce monarque, couronne de la royauté. Notre heureuse patrie offre un abri assuré à qui fuit le trouble et la discorde. « Honneur à l’antique maison vers laquelle aboutissent les routes les plus lointaines. » (15) Je n’ai jamais vu un royaume, un trône, des trésors affectés comme les siens, au soulagement de tous, enfants, jeunes gens et vieillards. Il a un baume pour les cœurs blessés qui viennent à lui, il veut le bien de tous et il espère ; ô Dieu exauce ses espérances ! Son diadème touche à la voûte du ciel sublime et pourtant sa tête se penche humblement vers la terre. L’humilité naturelle chez les petits est admirable chez les grands ; le sujet qui se prosterne ne fait que son devoir, mais en se prosternant, un roi prouve qu’il est l’homme de Dieu. Comment le nom d’Abou-Bekr serait-il ignoré, lorsque le bruit de sa générosité remplit l’univers ? Tant de sagesse et de grandeur n’ont pas encore été vues en ce monde depuis que le monde existe. Nulle part, sous son règne, on n’entend la plainte d’une victime de la violence injuste; nulle part on n’a vu un gouvernement aussi sage et d’aussi belles institutions et Féridoun, (16) dans sa gloire, n’a pas contemplé un spectacle pareil. Dieu réserve à notre prince une place assurée dans le ciel, pour le récompenser d’assurer ici-bas le bonheur de ses sujets. Si tutélaire est l’ombre dont il couvre le monde que le vieillard (zâl) n’a plus rien à redouter d’un Roustem (17). De tout temps les mortels se sont plaints des injustices du sort, des vicissitudes de la fortune : Sous ton règne bienfaisant, Sire, personne n’accuse plus la destinée. J’admire le bonheur dont jouit le peuple sous ton sceptre, mais je ne puis prévoir quel sera son sort après toi. C’est encore un des effets de ton heureuse étoile que Saadi vive sous ton règne, puisque, aussi longtemps que la lune et le soleil brilleront dans les cieux, ta mémoire vivra dans ses vers. La gloire que les rois acquièrent, ils la doivent aux exemples de leurs prédécesseurs ; mais toi, par ton gouvernement admirable, tu précèdes et surpasses ceux qui ont régné avant toi. C’est dans un mur d’airain et de pierres qu’Alexandre emprisonna Gog et Magog loin du monde habité ; la muraille où tu enfermes les barbares infidèles, est faite d’or et non pas d’airain. Muette soit la langue qui, possédant l’éloquence, ne célébrerait pas ta droiture et ta justice ! Océan de générosité, mine inépuisable de bienfaits, c’est de ton existence que dépend celle de chacun. Mais, je le vois, les vertus de ce roi sont innombrables et dépassent le cadre étroit de ce livre ; pour les décrire toutes, il faudrait que Saadi composât un autre poème. Dans son impuissance à les reconnaître dignement, il lève les mains au ciel et prie. « Que le monde marche au gré de tes désirs, que le ciel té favorise et que le Créateur te protège ! Puisse ton étoile illuminer le monde, et celle de tes ennemis tomber et s’éteindre ! Puisses-tu ne jamais connaître les vicissitudes de la fortune ; puisse la poussière des soucis ne jamais ternir ton cœur, car le chagrin des rois cause le malheur des peuples. Que la paix et la joie règnent dans ton âme et dans tes Etats, que l’anarchie fuie toujours loin de ton royaume; que ton corps soit toujours robuste comme ta foi et l’esprit de tes ennemis troublé comme leurs projets sinistres ! Que la protection divine réjouisse ton âme et assure le bonheur de la religion, de ton empire et de ton cœur ! Que le Créateur du monde te soit miséricordieux ; tout ce que je pourrais dire après cela ne serait que vanité et illusion. Il suffit que le glorieux et souverain Maître augmente les faveurs qu’il t’accorde. Saad-Zengui a quitté ce monde sans regrets puisqu’il y laissait un fils tel que toi ; faut-il s’étonner qu’un père de si noble origine, dont l’âme est dans le ciel et le corps dans le sein de la terre, ait produit un rejeton aussi glorieux ? Seigneur, j’implore ta grâce, fais pleuvoir ta miséricorde sur cette tombe illustre ; Saad-Zengui a laissé le souvenir et la trace de ses vertus, puisse le ciel favoriser à son tour Saad Abou-Bekr! »
Panégyrique de l’Atabek Mohammed, fils d’Abou-Bekr (18).
Atabek-Mohammed est un roi favorisé du ciel, digne possesseur de la couronne et du trône; un jeune prince aux destinées brillantes comme son cœur, jeune par les années, mais vieillard par l’expérience, grand par la science, sublime dans ses aspirations. Son bras a la vigueur et son esprit la clairvoyance, sa générosité dépasse celle de l’Océan et son rang le place au dessus des Pléiades. Que le monde doit être fier d’avoir porté dans son sein un fils tel que toi, avec quelle sollicitude la fortune veille sur toi, le plus grand parmi les grands rois ! Une coquille pleine de perles, a souvent moins de valeur qu’une seule perle ; c’est toi qui es cette perle unique, soigneusement gardée pour rehausser l’éclat de la royauté. Dieu puissant couvre ce prince de ta grâce tutélaire, préserve-le du mauvais œil et des maléfices ! Illustre son nom dans le monde, dirige-le par ta protection dans la voie de ton culte ; affermis ses pas dans la justice et la religion, exauce ses vœux dans cette vie et dans l’autre ! Puisses-tu, prince, être à l’abri des attaques d’un ennemi indigne et des atteintes de la fortune ! Un arbre céleste pouvait seul produire un pareil fruit : un fils avide de gloire, issu d’un père que la gloire a illustré ! Le bonheur, sache-le sûrement, fuira toujours une dynastie qui sera l’ennemie de la tienne. Quelle joie pure, quel savoir, quel trésor de justice, quel royaume, quelle fortune! puissent tous ces biens durer éternellement !